Alors oui nous revoilà partis pour presque 24h de trajet, mais cette fois on diversifie un peu. On pensait se passer une bonne nuit de sommeil en train, jusqu’à Oruro, mais peine perdue ! ça secoue comme dans les bus et parfois pire et ça fait un sacré bruit, et ce malgré le meilleur wagon !

Nous profitons des 20 min à pied qui nous séparent du terminal de bus pour apercevoir le centre ville, croiser ses habitants et voir de loin le petit marché installé dans les rues. Puis bus direction La Paz : mais là encore, les 3h annoncées se sont soldées en 3h30/4h !
Il faut descendre une bonne partie de la route pour trouver le terminal de bus ! On arrive à apercevoir cette ville si grande qui est impressionnante. On pensait voir une ville dans une petite cuve, coincée, mais il y a eu tellement de construction, que la ville s’est élargie sur ces montagnes, et les immeubles et maisons montent haut ! tout se retrouve habité et cela donne les pourtours d’une ville surprenante !!! (et immense !!)

On mange un bout, on prend un petit café et on attend patiemment (quoique on commence à être pas mal fatigué), le bus pour Copacabana ! (là pareil les 4h30 annoncées avec arrêts toilettes, se transforment en plus de 5h bien tassées, sans arrêt…). On vous laisse imaginer… bien que la route ne soit pas mauvaise en soit, il y a beaucoup de "trous" et on bougeotte pas mal.
Arrivés aux abords du Lac Titicaca on traverse sur une "barge" (on a un peu flippé il faut le dire), mais c’était tellement drôle ce petit moment avec la lune qui se reflétait sur l’eau qu’on a juste profité ! (vous regarderez la carte, la frontière péruvienne/bolivienne est coupée très bizarrement au niveau du lac, pas si simple les trajets !).
On a fini par arrier enfin à Copacabana et à l’hôtel !!! épuisés mais satisfaits !

On pensait que cette petite ville serait une sorte d’aparté douce dans notre petit périple, qu’elle nous accueillerait tout en douceur pour récupérer malgré l’altitude… Malheureusement ça a été un peu plus mitigé que ça. Cette petite ville en bord de lac (un lac si grand qu’on dirait une mer !!) est l’endroit que choisissent les boliviens pour venir faire la fête. Autant dire que le samedi, on va à la messe, on fait bénir ses voitures (oui vraiment c’est très surprenant à voir ! champagne, fleurs, confettis et petits chapeaux), ensuite on monte au Cerro Calvario qui surplombe la ville, et puis on va manger et boire des verres sur la plage !
mais du coup à 15h30 quand on se balade, l’ambiance y est assez… bizarre. Rajouté à cela, qu’en tant que touristes on se fait alpaguer toutes les 2 secs… finalement on a pas apprécié tant que ça. Peut-être qu’il aurait fallu y aller un autre moment que le week-end, peut-être aussi qu’on aurait dû davantage faire la fête… "flâner" n’était pas si évident. Quant aux commerçants, on en a fini par se demander si autant de touristes ne les ennuient pas plus qu’autre chose… à peine un sourire, à peine un regard… compliqué un peu ce genre de moments…
Mais nous n’aurons fait que 2 villes boliviennes et sur ces 2 villes, toutes deux très touristiques…

Dimanche matin on décide de monter sur cette petite colline (on est à 3800 en ville et on monte à 4000 bonjour le souffle). La coutume veut que l’on lance un caillou à chaque croix que l’on rencontre sur son chemin. On aperçoit derrière une statue de Jésus, des sortes de guérisseurs boliviens, à qui l’on peut aussi demander conseils… c’est plutôt intéressant de voir comment l’on peut croiser les religions et les cultures ancestrales. Ici on échange quelques sourires avec les gens du coin qui montent ou descendent, ça fait du bien ! La vue depuis là-haut est incroyable, l’horizon dévoile un lac d’un bleu foncé magnifique et la ville vue d’ici est superbe ! en se baladant au sommet Anthony aperçoit un colibri (il a l’œil) et nous voilà à fureter pendant 30 min et scruter avec l’appareil ces petits oiseaux si beaux mais si rapides !

Lundi on s’échappe un peu et on file sur l’Isla del Sol, malheureusement suite à l’incendie d’un hôtel, le nord se retrouve complètement bouclé. L’île est vraiment "coupée" en deux, et nous ne pouvons aller jusqu’au nord. Il semblerait que la venue des touristes bouscule l’ordre de beaucoup de choses et pas de la meilleure des façons…  une petite journée suffit maintenant amplement à visiter cette partie de l’île et il faut quand même 1h30 pour la rejoindre. C’est beau ici, c’est doux, les paysages sont verts, colorés et lumineux. L’eau qui se reflète tout autour rend la parenthèse encore plus douce. On se dit bonjour avec les habitants, on se sourit même parfois, on observe ces femmes chargées de pioches dans leurs tissus s’enfoncer dans les champs. La vie ne doit pas être de tout repos ici ! on grignote tout en haut du Cerro ! la vue est absolument dingue et on regrette presque de ne pas passer une nuit ici… parce que l’aparté tant cherché se trouve en fait ici… au milieu des collines, des moutons et des ânes, des lamas, de ces femmes aux petits chapeaux et aux tissus colorés, de ces cochons qui dorment avec allégresse dans les collines, de cette eau si belle qui entoure tout et de ces couleurs incroyables : du bleu de la pierre, au violet des fleurs, aux jaunes des champs et verts des tiges ou se balance les écosses des fèves…

Mais non il faut déjà repartir, quitter ce pays surprenant (du peu qu’on en a vu bien sûr), et passer la frontière le lendemain direction le Pérou et plus précisément Puno, toujours dans l’Altiplano, juste pour une escale d’un soirée avant Arequipa.

***

"Corro el peligro de volverme árbol y por eso me voy,
mañana mismo, hoy mismo, en este instante
que puede ser fatal para el que vive
con el piel de la hoja siendo humano.
¡Cortad, cortadme las raíces con los filos más hondos,
con las hachas más duras, y cortadme las ramas
con los filos del canto,
para que no se multipliquen mis raíces aquí..."
Miguel Ángel Asturias